Je me lève ce matin,
comme tous les matins!!!!!
Le soleil brille dans le reflet des tours.
Il m'éblouit. Mes yeux sont à peine réveillés.
Je fais chauffer mon café, ouais, il faut au moins ça pour me réveiller.
Et je prends mon journal, le livreur me le glisse toujours sous la porte le matin très tôt.
Je m'installe à ma petite table.
Oui j'aime bien prendre mon petit déj là, face à la fenêtre,
assise par terre en tailleur.
J'admire la vie à l'extérieur pendant qu'en moi elle se réveille.
J'ouvre mon journal, ouais ça fait aussi parti de mes rituels le matin,
je tente de percevoir la vie dans le monde qui m'entoure.
Tiens en première page, il y a ma bobinette, le cliché n'est pas très flatteur !!!!
Puis stupéfaite :
"Quoi, je suis en première page du journal ???????"
Je frotte mes yeux, je dois rêver encore,
je regarde non la photo est toujours là et toujours pas très flatteuse.
"Disparition inexpliquée"
Harmonie a disparu de ce monde !!!!!!
Mais je n'ai pas disparu, je suis là et je vous écris même !!!!
J'avale mon café en quatrième vitesse, si ce n'est en cinquième.
Je cherche mon téléphone, il devrait être sur le socle,
il est toujours sur le socle, mais là rien, le socle est vide.
Je fouille mes poches, mon sac.
Rien !!!!
Plus de téléphone !!!!
Harmonie n'a certes pas disparue mais son téléphone oui !!!!
Je ne suis pas lui quand même !!!!
Bon, il faut que je réfléchisse, si ma photo est dans le journal, c'est qu'on me cherche, tout le monde sait que je suis montée à Paris pour le travail.
Pas de téléphone je ne peux pas les joindre, mais où peut-il bien être celui là.
Jamais là quand on en a besoin !!!!
Un téléphone public ça n'existe plus ces petites bêtes là,
Bon, je vais prendre la voiture et me rendre au commissariat de police le plus proche, il n'est pas proche, 20km à peu près, je prends mon journal, je ne voudrais pas qu'on me prenne pour une folle.
Où sont mes clés de voiture ?
Elles ne sont pas où elle devrait, le vide poche de l'entrée est vide !!!!
Je refouille mes poches rien !!!
Je refouille mon sac rien !!!!
Où peuvent-elles bien être ?
Plus de clés de voitures, plus de téléphone, là je vais vraiment me sentir isolée
en plein coeur de Paris, c'est le comble quand même.
Je regarde tout autour de moi, je suis bien chez moi là,
oui y a même des photos de famille !!!!
Bon, du calme, il faut que je réfléchisse.
Je reprends un deuxième café, ça va me décalaminer les neurones.
Et puis je prends ma douche, j'aurais les idées plus claires.
Et puis je vais lire l'intégralité de l'article
"Harmonie a disparu de ce monde.
Cela fait huit jours que sa famille la recherche.
Elle est montée à Paris pour son travail, elle ne s'y est jamais présentée.
La dernière fois que son mari l'a vue, elle montait dans le train et elle semble s'être totalement évaporée.
Les caméras de surveillance de la gare ne l'ont pas vue descendre de ce train.
click sur la photo
Une disparition mystérieuse.
Si vous avez des renseignements merci de contacter le commissariat le plus proche."
Bon, j'en sais pas plus, je suis bien descendue de ce train puisque je suis là.
J'ai même été louer une voiture, le caissier se rappellera, il me voit régulièrement !!!!!
Bon mais en attendant, j'ai pas les clés.
Je vais appeler un taxi. Bin, non, j'ai plus de téléphone non plus
Bon, je vais aller au café du coin, je trouverai un téléphone là bas,
j'appellerai un taxi qui me conduira au poste de police le plus proche.
Ouais c'est de l'idée, si personne ne me parle de cet article,
je me tairai aussi.
"Bonjour messieurs-dames
Un café bien serré et le téléphone s'il vous plaît.
-Ca ne va pas ma p'tit dame, vous êtes toute pâle,
comme si vous aviez vu des fantômes ?
-Heu non, ça va.
J'ai juste perdu mes clés de voiture, il me faut un taxi."
L'attente est longue dans ce café et tous ces gens,
personne ne me regarde, personne ne me voit.
Ah le taxi, il arrive enfin, il me semblait une plombe que je l'attendais.
"Bonjour, au commissariat de police le plus proche.
-Ouais mais il n'est pas très proche, c'est parti, je mets le compteur à zéro !
Je ne sais même pas si j'ai de l'argent pour le payer ce brave homme,
je refouille mon sac,si sauvée, j'ai ma carte bleue.
-Vous avez vu dans le journal, me dit il,
c'est une drôle d'affaire que cette disparition ?"
Il a lu le journal, mais ne semble pas me reconnaître, c'est curieux, même si la photo n'est pas flatteuse, je suis bien moi.
Cet homme est peut être myope mais pour un chauffeur de taxi,
je trouve cela très inquiétant d'autant que là, c'est moi qu'il conduit.
Faut que je lui réponde, je ne peux pas dire non, j'ai le journal à la main.
"Oui c'est curieux effectivement.
Mais vous en tant que chauffeur de taxi, vous ne l'auriez pas croisé par hasard ?
- Ah ça non !! J'en suis sûr.
Avec son air de gitane et ces grands yeux noirs, je ne l'aurai pas oubliée !!!
Vous savez madame on est nombreux comme taxis dans la capitale.
Et puis on ne sait même pas si elle est arrivée à Paris.
Volatilisée dans le train.
Ca fait réfléchir !!!!"
Ouais ça fait réfléchir, je suis entrain de parler de MA disparition à un parfait inconnu et il ne voit même pas que je suis moi.
Je me suis vue en sortant de ma douche dans le miroir, malgré la buée,
c'était bien moi.
"Vous semblez contrariée, vous la connaissez ?
-Heu non pas du tout !!!!
Mais je prends souvent le train !"
Ah si ce chauffeur pouvait se taire pour que je puisse réfléchir.
Voilà le commissariat, je règle ma course,
j'espère qu'il n'y aura pas trop de monde,
j'angoisse comme une folle.
Ouf !!!! Personne !
Le gendarme au guichet semble tout jeune, il a une tête sympathique.
Bin ouais, y en a des gendarmes avec des têtes sympathiques des fois
et là pour moi c'est important qu'il le soit !
"Bonjour monsieur, je viens vous voir pour la disparition d'Harmonie,
lui dis je en lui tendant le journal.
-Bonjour madame, vous avez des informations à nous fournir ?
Vous auriez pu appeler !
-J'ai perdu mon téléphone et mes clés de voiture d'ailleurs !
-Vous désirez porter plainte pour votre téléphone et vos clés ?
-Mais c'est absurde, je suis Harmonie, regardez moi au moins.
Il me regarde, regarde l'article, je sens une pointe d'ironie luire dans son oeil droit
-Excusez moi madame, me dit il enfin, Harmonie est brune aux grands yeux noirs.
Vos cheveux sont aussi blonds que les épis de blé et vos yeux sont aussi verts
qu'un champs de colza en automne.
Vous me semblez un peu perturbée, allez donc voir le docteur Raffiot de ma part,
je vous donne sa carte, il saura vous écouter et vous orienter."
Je me retourne dans la porte vitrée je vois mon reflet, je ne suis pas blonde.
Le docteur Raffiot, il me prend pour une folle, quand le bateau coule, on va voir le docteur Raffiot, je le connais bien moi ce docteur, on travaille ensemble.
Il est aussi fou que ses patients !!!
Mais oui, c'est une idée, je vais aller le voir, il me reconnaîtra et tout s'arrangera.
Je vais y aller à pied, j'ai besoin d'air et surtout, je ne veux plus entendre parler.
Ah, c'est la petite Fanny à l'accueil, je tiens à la main la carte que le policier m'a donné.
"Bonjour Fanny, lui dis je d'un air fort sympathique,
j'étais tellement contente de voir quelqu'un que je connais.
Elle me regarde un peu surprise
-Bonjour madame, que puis je pour vous ?
Elle ne me reconnaît pas, je vais pas lui dire qui je suis,
-Heu, j'ai lu votre nom sur votre tenue, je voudrais voir le Docteur Raffiot.
-Oui, je vais prendre la petite carte, si vous me permettez.
-C'est curieux cette disparition, je tente comme ça le dialogue
-Oui elle l'est, on est très choqué ici à l'hôpital, nous l'attendions lundi est elle n'est jamais arrivée, nous avons été obligés de la remplacer.
Personne n'est irremplaçable, mais quand même cela ne lui ressemble pas.
Je vais vous faire patienter un instant"
Je lui tends la carte et je vais dans la salle d'attente.
Ce n'est pas possible, je dois être encore dans le fond de mon lit.
Je rêve, je ne vois pas d'autre explication !
"Bonjour Thierry, je suis heureuse de vous voir, dis je en voyant le docteur Raffiot arriver.
Il semble surpris
-Bonjour madame me dit il
-Ah non !!! Pas encore !!!!
Pas vous !!!!!
-Venez dans mon bureau nous allons parler de tout cela, nous serons mieux.
Il me fait asseoir.
Que vous arrive t'il ?
-Mais enfin Thierry, je suis Harmonie. lui dis je en lui tendant le journal, vous me reconnaissez, dites moi que vous me reconnaissez !"
Mais yeux s'embuent, je n'y tiens plus, je m'effondre tout comme mon monde vient de le faire en l'espace d'un instant,
-Excusez moi, pourriez vous ouvrir la fenêtre, j'étouffe là tout à coup, demandais je en sanglotant.
il me regarde étonné, pas moi, le journal. Je le sens peiné, non pas par mes larmes mais par ma photo. Il ne dit rien.
Il referme le journal, ouvre la fenêtre, me regarde. Il me regarde dans le fond des yeux, je le sens troublé.
Mais quand va t'il me parler, me dire que c'est une blague.
"Coucou Harmonie, on t'a bien eu" Non, je l'étranglerai si il me le disait !
Mais qu'est ce que je serai soulagée.
Non, ne vous méprenez pas, je n'ai aucune envie de l'étrangler, mais je veux juste pouvoir être moi !!!
-Excusez moi, balbutie t'il enfin, je connais bien Harmonie et sa disparition est pour nous une catastrophe.
Vous souffrez madame d'un syndrome de persécution qui se traduit par le besoin de vous identifier à une personnalité connue. Vous ressentez le besoin qu'on parle de vous.
Harmonie est la personne parfaite pour faire parler de vous, une inconnue dans la vie, qui tout à coup découvre une certaine notoriété par sa disparition.
Et si j'en juge par votre accoutrement, ce syndrome n'est pas récent.
Vous faites un choix merveilleux, c'est une personne remarquable. Mais elle est unique, tout comme moi, tout comme vous."
Il ne prend pas de gants !!!
Il doit être bien offensé.
Mon accoutrement ????
Mais j'ai mis mon petit tailleur saumon !!!!
Il est plutôt joli.
"Excusez moi, mais qu'est ce qu'il a mon accoutrement ?
-Vous semblez déguisée ! Un déguisement, fort joli, de plus et très réaliste, mais les ailes qui dépassent de vos vêtements sont froissées.
Mes ailes froissées ????
-Excusez moi auriez vous un miroir ?"
Il me le tend.
Mon magnifique tailleur saumon, c'est transformé en une robe fort élégante aux couleurs de l'arc en ciel, je suis blonde, aux yeux verts, le policier n'a pas menti Je regarde au dessus de moi avec le miroir.
Deux ailes scintillantes papillonnent dans mon dos.
Je sens mes pieds décoller du sol, je suis étonnée mais je me sens bien, apaisée.
Thierry me regarde toujours, très surpris, il ne peux détourner son regard de mes yeux.
"Si Harmonie n'est plus, elle ira survoler le monde en déversant sa douceur"
Lui dis je en m'envolant par la fenêtre.
click sur la photo
Je ne sais pas si il comprit.
Il resta un long moment à la fenêtre sans comprendre ce qu'il venait de se passer, moi non plus d'ailleurs,
mais il avait retrouvé le sourire, le sourire des gens heureux et moi aussi.
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C'est le défi n°67 des croqueurs de mots
Sur une idée d'Eriqueta.